Lettre manuscrite adressée à Louis Scutenaire et à sa femme Irène Hamoir.
3 cartes-photos érotiques en noir et blanc, vers 1890 (13,5/8,5 cm chaque). Enveloppe conservée.
« Paris, 3/2/41. Mon Irène, mon Scut, J’ai attendu pour faire signe que mon poème soit paru. Le voici – avec l’autre qui date d’octobre dernier. Je ne pensais pas pouvoir correspondre avec vous : il aura fallu pour cela que le connétable me fasse parvenir une commission par quelqu’un qui m’a proposé de servir de boite aux lettres. J’ai déjà reçu une réponse du connétable qui, je le suppose, vous aura montré ma lettre. Vous aussi vous pourrez me faire suivre une réponse. Cela, quand tout cela sera-t-il fini ?! Et comment ?! Attendons patiemment et n’en pensons pas moins. Où en sont nos amis ? Racontez-moi du neuf. Le plus à plaindre, semble-t-il, est Mariën. Dumont m’a écrit : je suis en rapport avec lui. Lecomte m’ayant fait part de certains petits projets, je vais écrire à ce sujet. Vous en parlerez ensemble. Nous sommes quelques-uns, dont Éluard, Picasso…, à tenter de nous tenir chaud. Et malgré des temps durs, nous arrivons à avoir quelques satisfactions d’amitié ainsi qu’une activité restreinte sur laquelle, d’ailleurs, nous ne sommes pas tous d’accord quant au mode. Mais chacun est assez grand pour savoir ce qu’il a à faire. Entre autres, la nrf me dégoûte. Tu saisiras ainsi ce qui nous sépare. Mais cela n’est pas grave. Chaque point de vue est défendable. Pour moi, je m’en tiendrai strictement au mien dont, ci-inclus, deux témoignages. Je quitte la rue de Buci (le père Christy est mort) et vais 9 ter bd de Montparnasse où je m’installe marchand de livres (raretés, curiosités) – rez-de-chaussée d’un petit hôtel avec jardinet au premier duquel loge la galerie J. Bucher. L’installation sera longue car je la veux séduisante, mais d’ici un mois tout cela sera terminé. Quand venez-vous ? Oui, quand ? Car, mes enfants, je voudrais vous revoir, vous serrer dans mes bras. Quels temps vivons-nous ? Germaine et moi nous parlons de vous souvent, parce que nous vous aimons. De tout cœur, Georges. »